HENRI LAURAS L’ARTISTE FUTURISTE

Henri Lauras, j’ai fait il y a 4 ans une interview de vous, lors d’une de vos premières exposition au Carrousel du Louvre à Paris, vous êtes devenu photographe d’art il y a 10 ans environ, parallèlement à une profession exigeante merci de nous raconter votre histoire incroyable.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

« Provincial grimpé à la capitale le bac en bandoulière. Et parti voguer, voler et bosser cinq ans plus tard, diplômes en poche. Il est probable qu’à ma mort, j’aurais vécu à peu presque autant au XX siècle qui aura abrité mon enfance, ma jeunesse et mes années d’apprentissage d’homme qu’au XXI siècle qui m’a appris la rigueur, la relativité, le fun  et la détente. Si j’ajoute que mes parents sont octogénaires, que je vivrai à peu près aussi longtemps qu’eux et que mon année de naissance fut la seconde d’une décennie, alors vous avez tous les éléments pour trouver mon âge quelle que soit la date de publication. À chaque fois que j’ai eu de la chance, j’ai reçu un coup. C’est ça la relativité…Ce qui compte maintenant, c’est le bien être, ce n’est plus l’argent. » Henri Lauras

Que cherchez-vous à raconter à travers vos œuvres ?

Ça c’est difficile à expliquer. Cela dépend du moment, de la série sur laquelle je travaille…

Annonce Faite au Grand Palais

D’autres œuvres viennent de mon imaginaire pur comme l’Annonce faite au Grand Palais, dont l’histoire est en fait la genèse de l’œuvre et n’est pas racontée par l’œuvre en elle-même. Et la Guerre sainte est enfin déclarée  qui est une œuvre provocante mais que je ne cautionne en rien.

La Guerre Sainte est Enfin Déclarée

Il y a bien d’autres séries dans ce que je fais, mais ne parlerai maintenant que de la série des 250 Expressions expresses. Je pars d’une expression, souvent imagée, et en donne une illustration terre à terre. Ainsi ils ont une dent contre moi, ou encore porter aux nues.

Y a-t-il une part de vos aventures futuristes projetées sur vos œuvres ?

Mes aventures professionnelles ont été nombreuses, variées et m’ont fait rencontrer des gens de toutes origines, de tous niveaux sociaux, et de dizaines de cultures. Oui elles sont parfois traduites dans mes photos. Mais de là à parler d’aventures futuristes ? Le futur de mes aventures est derrière moi.

Mes aventures du futur seront différentes car je suis en train de changer de vie et de m’orienter aussi vers les ONG et l’aspect humanitaire. Ca brise l’orgueil et les préjugés dans lesquels on est souvent éduqué en France. J’en profite pour saluer tous ceux qui travaillent au bien des populations moins chanceuses que la nôtre. Je n’ai pas encore pensé à en tirer des photos. Et pourtant il y en aurait à faire, mais des photos de reportages qui sont en même temps des photos d’art, comme sait si bien les faire le brésilien Sebastião Salgado pour ne citer que lui.

Sebastião Salgado

Pourquoi les Monuments historiques apparaissent-ils souvent, que cherchez-vous à nous expliquer ?

Ça c’est une longue histoire. Je rêvais de devenir architecte. Mais si je voulais échapper à la famille (j’étais l’ainé de cinq enfants) il fallait que j’aille faire une prépa parisienne ou étaient passé mon arrière-grand-père, mon grand-père et mon père. Sinon je devais rester aux Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, où nous habitions, et ce n’était pas une école d’architecture réputée. De plus la population des Beaux-Arts à l’époque était très baba cool, clope au bec et pleine de gens pour qui l’art était un refuge pour ne pas se casser la tête. Il n’y avait pas que ça heureusement, et je compte plusieurs amis et amies peintres ou sculpteurs de renom, qui ne sont pas du tout des faignants chevelus, qui sortent de cette école, et qui me sont plus ou moins contemporains.

Je rends au passage un hommage particulier à Patrick et Marion François, dont les œuvres à deux et quatre mains se trouvent dans de très grandes collections. Et à Paul Sarassat qui a une production invraisemblable, et co-détient peut-être avec Bela de Kristo un record du nombre d’œuvres réalisées.

Bref c’est sans hésitations que je suis parti pour Paris et sa vie nocturne du samedi soir (les autres jours, on bossait), que j’ai découvert le vrai travail, la résistance à la pression, le besoin de se surpasser. Et en 5 ans j’ai obtenu deux diplômes d’ingénieur généraliste et d’université en aéro-acoustique. En parallèle, j’aidais ma copine qui était en architecture à boucler ses projets.

J’ai hésité à faire le doctorat pour lequel j’étais sollicité mais ai préférer entrer chez Dassault, mon autre rêve après l’architecture. Je ne regrette rien, au contraire. J’ai fait une carrière extraordinaire (seules 3000 personnes au monde font le métier que j’ai fait après quelques années), riche et satisfaisant à toutes mes curiosités…

L’architecture est resté une passion, et j’ai toujours fait moi-même les plans des modifications et agrandissements de mes maisons.

Marcel Dassault disait « pour qu’un avion vole bien, il faut qu’il soit beau ». On pourrait dire la même chose d’un bâtiment : son confort et sa fonctionnalité passent par le beau.

Après ce long préliminaire, voilà donc connue la raison de mon intérêt pour le bâti. C’est pour cela qu’on voit beaucoup d’églises, d’immeubles, de pyramides et de tours dans mon travail.

Quelle est votre vision de l’art ?

Caléidoscopique, harmonique et philanthropique. L’art se doit d’être de qualité (sinon parlons d’artisanat, et encore…), en recherche perpétuelle (mais original ne veut pas dire bon et encore moins éternel), intelligent (ne pas confondre conceptuel et intelligence). Et il est pluriel dans ses formes dans les cultures (Afrique, Asie, etc., mais aussi antiquité, classicisme, moderne, contemporain, populaire ou urbain, etc. dans ses sous-jacents (des arts premiers au conceptuel, des Jeff Koons ou Damian Hirst  à la délicate, conceptuelle et polyculturelle Isab’Ailes Arciéro-Mahier, et au génial et truculent Christophe Vixouze, sans oublier les installations, œuvres vidéos et autres performances).

Un autre point est important. L’art peut être génial, grandiose, riche, avoir toutes les qualités. Mais de mon point de vue, l’artiste doit rester humble, modeste. Rien de pire qu’un artiste « qui se la pète ». Ce qu’on peut pardonner à un Salvador Dali ne passe pas chez un peintre peu connu même s’il est excellent.

Et encore un autre point mérite l’attention : dans les collèges, on nous enseigne la musique et le dessin. Mais ne pourrait-on pas consacrer une heure supplémentaire à l’enseignement de l’histoire de l’art ? Et ce afin de donner le gout des arts aux enfants, de briser l’ignorance voire le mépris qu’éprouvent beaucoup de gens envers les artistes de tous bords. Je suis sûr que cela aurait une influence positive sur le marché de l’art et notamment pour aider les artistes qui souvent ne vivent que chichement.

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L’art n’est pas qu’une question d’investissement dans laquelle on ne peut se lancer que si on est connaisseur. Il est aussi une question de coup de cœur, et cela ne doit pas être réprimé par un « je n’y connais rien ». Entourez-vous de ce que vous aimez, n’écoutez que votre cœur. Si un artiste crée votre bonheur, il mérite plus que le remboursement de ses peintures et pinceaux. Il mérite aussi de vivre dignement. D’être payé pour son temps passé.

Avez-vous déjà participé à une exposition ? Si oui lesquelles ?

Oui, quatre expos en 2017-2018. Ce n’était pas toujours compatible avec mon emploi du temps professionnel. Mais que voulez-vous… J’ai fait ma 1e expo au Château d’Effiat. C’est un magnifique château près de Vichy, très bien entretenu, qui a appartenu au 3e personnage le plus important du Royaume, sous Louis XVI. J’avais 600 m² en solo et j’ai exposé 90 photos. Plusieurs sont parties dès le vernissage, très bien organisé par le propriétaire. Il avait fait venir des personnalités du monde politique, artistique, et industriel de toute la région Auvergne Rhône Alpes, du Centre et de la Bourgogne. J’étais sur un nuage. D’ailleurs quand mon tour est venu de faire un speech, j’ai remercié tout ce beau et nombreux monde d’être venu en ce château pour ma « pendaison de crémaillère ». Évidemment je voulais dire « vernissage ». Au moins, ça a fait rire tout le monde.

Puis il y a eu une expo au Carrousel du Louvres (Photo Shoping), puis à Vichy (Galerie hAbEo, aujourd’hui fermée) ; et à nouveau au Carrousel du Louvres (fotofever). Ai-je aimé ? Effiat et la Galerie, oui ! Les deux autres, bof. Les expos, ça aide à rester humble. Et ça permet de rencontrer plein de gens.

Autre belle retombée, l’année suivante j’étais invité à participer au jury d’un prix européen de photos. Une expérience très riche de rencontres, ou j’ai découverts des artistes extraordinaires, tels que Chantal Serène, une jeune déracinée d’origine Roumaine qui a l’avenir dans la poche, et Jacques Villière, un génie du photoreportage, et plus encore, qui nous est né… à la retraite.

Parlez-nous de vos voyages, quels pays avez-vous visités et en quoi cela inspire vos œuvres ?

Le prochain pays que je visiterai pour la première fois sera mon 100e pays. Impossible de faire un résumé sur tous. Il y a tellement de diversité entre les micro-pays (Monaco, San Marino…) et les mastodontes tels que l’Inde, la Russie ou les États-Unis, différence entre une visite professionnelle ou on ne choisit pas vraiment les endroits qu’on va voir, et les vacances ou on prend le temps de s’imprègnera des paysages et des cultures, différences encore entre un pays totalitaire en guerre (Congo Kinshasa pendant la guerre civile) ou une démocratie en paix, comme son presque voisin Cameroun, à la diversité phénoménale.

Et puis il y a eu des rencontres improbables avec des gens tel que Lech Walesa, Nelson Mandela, Vaclav Havel pour ne parler que des chefs d’état les plus emblématiques, ainsi que des ministres que je ne compte plus,  mais aussi de très grands chefs d’entreprises, et une foule de gens moins exposés, peu connus ou inconnus, à tous les niveaux subalternes des administrations et des entreprises.

Mais mes rencontres préférées étaient autres que professionnelles, avec des artistes, en Inde, aux États-Unis, en Roumanie, en Bulgarie, en Turquie, en Allemagne, etc. J’ai environ 250 tableaux et sculptures à la maison, et 75% viennent d’artistes que j’ai rencontrés.

C’est plus mes rencontres qui m’ont inspiré. Celles avec mes clients comme avec les artistes. Bien sûr il y a des photos de lieux célèbres, à Chicago, dans les canyons américains, au Japon, en Afrique, en Grèce, en Turquie, à Dubai ou j’ai vécu, à Porto, mais aussi en France, que j’ai repris dans des photo- montages, notamment la série des Urbanités par temps d’orage.

Quel est votre dicton favori sur l’Art ?

« Art stram gram pic et pic et colégram bour et bour et Art total » Henri Lauras

Bouchra KIBBOU

#HENRILAURAS

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