Chère amie, cher ami,
La nomination du président de l’Institut du monde arabe sera à l’ordre du jour du prochain conseil d’administration prévu début mars. Je voulais dès à présent vous exprimer ma gratitude chaleureuse pour votre engagement enthousiaste. Cette institution, que vous aimez, est particulièrement chère à mon cœur. Mon histoire avec le monde arabe et l’Institut est ancienne.
Militant anticolonialiste dès l’âge de 15 ans, je découvre très tôt la pensée arabe, ses intellectuels, ses créateurs qui seront bientôt des amis proches. Nos parcours s’entrelacent et se croisent dans mes successives vies : professeur de droit, créateur du festival mondial du théâtre de Nancy ou directeur du théâtre national de Chaillot. Symbole de cette complicité : mon premier visiteur dès ma nomination à la tête du ministère de la Culture est le cinéaste égyptien Youssef Chahine, un ami très ancien et surtout une figure de la pensée libre.
Aussi n’est-il pas illégitime que je propose immédiatement au président François Mitterrand, dès mai 1981, la construction de l’IMA à son actuel emplacement. Plus tard je prends la décision de lui affecter les collections d’art islamique du Louvre lamentablement oubliées dans des caisses par les autorités des musées. Au long de ces années je ne cesse d’accompagner la vie de l’Institut et de soutenir ses initiatives. Ma relation avec l’IMA s’écrit ainsi comme une histoire d’affection. Au moment de ma désignation comme président de l’IMA, la situation n’est guère brillante. Le journal Le Monde titre sur une pleine page : « l’IMA, un si joli petit tas de ruines ».
Grâce au soutien du président de la République et à des équipes remarquables, l’IMA retrouve progressivement des couleurs. Il suscite l’admiration de la presse arabe et internationale, ses visiteurs sont de plus en plus jeunes et nombreux, ses activités se démultiplient vers les quartiers populaires, la langue arabe bénéficie enfin d’une certification internationale au même titre que le TOEFL anglais. Des expositions mythiques ont vu le jour : l’Orient Express sur le parvis, Jardins d’Orient près de la Seine, Osiris et ses rêves pharaoniques, le Hip-Hop d’Akhenaton, les trois grandes religions monothéistes. D’ores et déjà, notre équipe a arrêté un programme d’actions pour les prochaines années : La création du plus grand musée d’art moderne et contemporain arabe dans le monde ;La réalisation d’un laboratoire d’idées à travers une politique d’édition inédite ;Une série d’événements sur la Palestine, deux expositions : l’une sur les Parfums d’Orient, l’autre sur Picasso et les avant-gardes arabes.
L’IMA s’est imposé comme le haut lieu de métissage des jeunesses du pays. L’IMA est un petit bijou que la France doit chérir avec tendresse. C’est une institution unique au monde. Elle doit rester une ruche ardente, un lieu de vie et d’intelligence, un phare de bouillonnement et d’effervescence. Sans votre plein soutien et votre participation ardente, cette métamorphose n’aurait pu s’accomplir. En ce moment même, vous êtes des milliers, chaque jour, à visiter nos expositions (Baya, Habibi, Samarcande, Dinar) et participer à nos événements. Pour les équipes de l’IMA, c’est la plus belle des récompenses en même temps qu’un formidable encouragement. Pour tous ceux qui croient comme moi dans la culture, c’est un bonheur absolu.
Merci.
Jack Lang
#INSTITUTDUMONDEARABE